Léa Villalba

Journaliste indépendante et photographe

Se reconnecter à son identité

Après plusieurs années en conflit avec ses racines, Candice Zogo Mvoa renoue avec son passé et le partage dans sa toute première exposition, VIZAJ.

Mon identité créole est guérie. Je milite pour ma culture maintenant, se réjouit la jeune femme.

C’est à l’âge de 8 ans que Candice quitte la France pour rejoindre la Guadeloupe, territoire nouveau où la jeune enfant a eu du mal à s’insérer.

J’avais du mal à m’adapter et à trouver mon identité. Même si ma mère a grandi en Guadeloupe, c’était inconnu pour moi et ça a été un véritable choc culturel, nous livre Candice.

Après des études en arts appliqués, elle décide de quitter l’île pour pouvoir poursuivre son cursus universitaire au Québec, à Montréal. Peu de temps après son arrivée, la jeune fille apprend le décès de son père et vit une période très difficile.

À partir de ce moment, je me suis sentie vraiment très seule. Je me rendais compte que plus rien ne serait jamais pareil, que tout allait changer. J’avais peur de perdre mes souvenirs, l’atmosphère dans laquelle j’ai grandi, en France et en Guadeloupe. Tout ce qui constituait mes souvenirs me manquait et j’ai eu peur d’oublier, confie la jeune fille.

Durant cette période turbulente, Candice commence à faire des recherches à la fois sur le Cameroun, terre d’origine de son père, et sur la Guadeloupe: je cherchais des modèles, des personnes qui me ressemblent pour pouvoir m’identifier et j’ai finalement eu l’idée de cette série de portraits.

La jeune artiste s’est inspirée d’un tableau créole sur lequel elle aime épingler des images. Passionnée par l’esthétique postcoloniale, elle a fouillé pour trouver des photos de cette époque.

J’aime beaucoup cette époque où les gens se prenaient en photo par fierté. Il y a avait une volonté de laisser une trace d’eux. Alors j’ai demandé à mes ami(e)s de me donner une photo d’eux, une seule photo qui pouvait les représenter comme seule trace d’eux sur terre après leur mort. Et c’est un exercice vraiment difficile.

Dans son exposition VIZAJ, Candice met de l’avant ces photos, appuyées par des textes libres de chaque individu.

Je voulais montrer les Antillais de Montréal et leur donner un espace de paroles. Pour moi, c’est une façon d’affirmer qui on est. Les Antillais sont souvent méconnus alors qu’ils sont vraiment très nombreux, notamment à Montréal, indique l’artiste.

Pour créer son exposition, Candice a fait appel à son amie Olivia Kopec pour les photos et à la designer Chloé Chipont pour les vêtements. Elle a financé elle-même son exposition et a eu de l’aide de ses proches et de l’Association des Étudiants d’Origines Caribéennes (AEOC) de l’UQAM. Elle l’a intégré dans le cadre du Mois de l’Histoire des Noirs pour souligner l’évènement: C’est un bon moment pour s’exprimer en tant qu’Afro-Caribéen. Il faut montrer qu’on est là ».

Après cette première exposition qui a amené environ 80 personnes, Candice compte bien continuer sa démarche artistique.

VIZAJ a eu l’impact que j’attendais pour une première édition, chacun a pu se reconnaître et trouver sa place donc qui sait, peut-être qu’il y aura une prochaine édition!

Facebook
LinkedIn