Le monde de la danse lance ses initiatives

La consigne de rester chez soi a fait perdre le travail de beaucoup de personnes, et ce, notamment dans le milieu des arts et de la culture. Avec des salles de spectacles et des écoles de danse fermées, il a été très difficile pour le monde de la danse de continuer à vivre normalement. Cependant, plusieurs initiatives ont été mises en place dès le début du confinement par les artistes. Portrait de deux d’entre elles.


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Véronique Clément est directrice générale du Réseau d’enseignement de la danse (RED) depuis bientôt 6 ans. Le RED est un organisme culturel qui regroupe les écoles et les enseignants en danse du secteur loisir, et ce, partout au Québec. Avant même que les écoles de danse soient officiellement fermées, le réseau s’est inquiété de la situation.

« Avec l’annonce de la fermeture temporaire des salles de spectacles, nous savions que beaucoup de nos membres seraient préoccupés. Le spectacle de fin d’année est un investissement énorme pour les écoles et c’est un moment souvent très attendu par les élèves. Annuler représente une perte financière importante puisqu’à ce moment-ci de l’année, très souvent les achats ont été faits pour les costumes, les décors, etc. », explique la directrice générale.

Lorsque les écoles de danse ont dû fermer, le RED était déjà en mode solution.

« Nous savions que de telles fermetures seraient très difficiles pour notre secteur alors nous avons commencé tout de suite à nous préparer au pire », raconte-t-elle.

De nombreuses écoles doivent en effet continuer de payer des frais importants comme le loyer ou encore les charges liées aux spectacles. Elles devront aussi pouvoir rembourser les clients qui en font la demande : « beaucoup d’écoles sont à risque de fermer », poursuit Véronique.

Pour aider dans cette crise, le RED a proposé un questionnaire qui récence les impacts de la pandémie pour les écoles de danse. Une centaine de réponses ont alors été reçu, ce qui a permis de faire un portrait global de la situation.

« Nous nous sommes assurés de transmettre le tout à nos partenaires et aux instances gouvernementales. Ces informations nous ont aussi permis de faire ressortir les principaux besoins en lien avec les inquiétudes et organiser des formations pour y répondre de notre mieux », raconte-t-elle.

Photo: Marie-Ève Dion

De plus, l’organisme a créé une série de webinaires pour outiller les directions d’écoles de danse et les aider à trouver des alternatives.

« Nous avons notamment fait une formation pour offrir des classes de danse sur le Web, puis un webinaire avec une avocate pour répondre aux questions légales ainsi qu’un webinaire avec une comptable pour comprendre comment gérer l’aspect financier de la crise », poursuit la directrice.

Deux fois par semaine, la communauté se réunit aussi virtuellement pour échanger sur les solutions à mettre en place. Pour réunir le maximum de personnes, le Réseau a aussi créé le mouvement #ecolesdedansesolidaires afin de démontrer la solidarité et la collaboration des écoles de danse de loisir dans ces circonstances. Un véritable engouement s’est créé autour du RED qui a doublé ses membres depuis le début de la crise.

« Les écoles réalisent l’importance de se rassembler et de mobiliser tout le secteur. Habituellement plutôt compétitives, les écoles se tendent aujourd’hui la main et cherchent des solutions créatives pour faire face à la situation », explique Véronique.

Plusieurs écoles ont choisi comme alternative d’offrir leurs classes en ligne. Pour Véronique, c’est une façon créative de traverser la crise actuelle, cependant elle soulève que certains enjeux de sécurité préoccupe le Réseau.

« Le professeur ne peut pas enseigner en ligne comme il le ferait dans une classe puisque les corrections sur le corps de l’élève ne s’appliquent plus. C’est une alternative temporaire qui ne remplacera jamais le studio! Et même si nous connaissons la loyauté des clientèles envers leur école de danse, il n’en reste pas moins que cette crise fait ouvrir le marché des classes de danse en ligne et que des écoles peuvent se retrouver à s’auto-compétitionner », explique-t-elle

#Coronachoré

Photo: Alexandre Chabot

Dans une envie de faire danser le monde et d’apporter un peu de joie dans cette situation si inédite, on peut aussi évoquer l’initiative de Maude Lecours. Il y a deux ans, elle a lancé Faire danser un village, une démarche qui rassemble danseurs et non-danseurs d’une ville pour réunir les générations et créer un moment de partage. Maude et son équipe ont fait danser six villages au Québec depuis le lancement de ce projet et devaient prochainement faire danser Longueuil et Montréal.

« Il faut tout repenser la structure de notre entreprise. Nous, on est dans l’aspect récréatif et plaisir. En ce moment, les budgets des municipalités sont en mode survie. Donc ça ne va pas aller là-dedans. Nous en ce moment, tout est un peu annulé.  Là on est en train de repenser à ce qu’on peut offrir », explique-t-elle.

Lorsque l’épidémie a commencé à prendre place au Québec, Maude était au Kenya avec un groupe de femmes pour danser au Kenya. Elle était loin de la panique.

« Je vivais quelque chose de joyeux, je me sentais bien alors j’ai eu envie d’utiliser ce bien-être intérieur pour partir une espèce de mouvement de joie. J’ai voulu propager de la joie, bouger, danser alors j’ai parti l’idée du coronachoré. J’ai fait une petite chorégraphie au Kenya et on a lancé ça sur les réseaux sociaux, pour voir ce que ça pouvait créer », raconte-t-elle

Maude a reçu en peu de temps plus de 40 vidéos, de partout dans le monde. Pour diffuser tout ce bonheur, elle a fait un montage qui intègre une multitude de vidéos.

« Je pense que ça fait du bien aux gens de voir de la joie dans des moments aussi austères et de panique. Ils trouvent ça rafraîchissant de voir des gens qui ont la flamme allumée. Ils apprécient de voir notre énergie positive », poursuit-elle.

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