« Vraiment doucement » GROUPE RUBBERBANDance | Dans l’inconstance du monde

Reconnu pour ses origines hybrides composées de la spontanéité de la culture hip-hop et de la technique du ballet et de la danse contemporaine, Victor Quijada revient cette année à Danse Danse et doit surmonter un nouveau défi : remplir le théâtre Maisonneuve. Ce sont dix interprètes formés à la Méthode RUBBERBAND et deux musiciens live que l’on retrouve sur scène pour performer devant nos yeux pendant plus d’une heure dans une profondeur … loin d’être douce.

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Du minimalisme au chaos

Une scène côté cours où s’expriment des musiciens. Dix artistes posés au sol, prêts à remplir une arène. Dans une douceur soutenue et une organicité corporelle très juste et belle à voir, le spectacle commence. Une douce lumière bleue découpe les corps qui se déplacent dans l’espace avec des mouvements minimalistes, précis, dans une belle synchronicité.

Les corps transforment des pas tirés du breakdance et les interprètent tout en douceur. Ils semblent flotter dans les airs, tous ensemble dans une belle concentration. On plonge dans cette recherche gestuelle originale. Le groupe se décompose en sous-groupes qui continuent à explorer les possibilités corporelles, en duo, en trio, dans des canons très bien rythmés qui attirent l’œil.

Puis, sortie de nulle part, une course effrénée prend place, les lumières vives apparaissent, accompagnées par la guitare électrique. Une scène de conflits nous fait oublier la douceur du commencement. Les interprètes se révoltent, les corps se déchaînent et ce n’est qu’un début …

Le cycle de la vie

Le groupe semble désorienté. Chacun joue de son individualisme et montre ses talents dans un « cypher », lieu classique de la culture hip-hop, pour ensuite laisser tomber les costumes. Ils se retrouvent dans une simplicité vestimentaire et mettent en place une scène qui ressemble à une exécution en public pour finalement former un tas de corps qui semblent mourants. Pourquoi en est-on arrivé là?

Scène suivante, les interprètes s’apparentent à des poupées désarticulées, soumises à ceux qui les déplacent. Les mouvements redeviennent lents et décomposés, dans une belle poésie. Mais, sans raison visible, encore une fois, tout bascule. L’un se perd et se met en danger, l’autre se révolte, crie et cherche la bagarre. Les corps s’envolent, les portées fusent et les artistes démontrent leur physicalité folle et leur justesse dans le mouvement et le temps. Sur fond de lumière rouge, rien ne va plus et on s’y perd un peu entre le sentiment de tristesse et celui du malaise…

Enfin, les artistes reviennent à eux, mais dans un tout autre accoutrement et dans un défi chorégraphique à souligner. Visages cachés par une combinaison épaisse, ils ne voient rien.  Ici encore, le minimalisme refait surface, la douceur aussi avec des interprètes qui font plus attention aux autres et qui dévoilent une tout autre sensibilité. Cependant, on tombe malheureusement encore une fois dans un point de rupture lorsqu’un des personnages décroche. On s’y attendait un peu.

Tel une boucle infinie faite de naissances constantes et de morts, la pièce joue sur ce va-et-vient, entre le calme et le chaos. Ainsi, pour finir, le lyrisme et le minimalisme reprennent leur place et forment un environnement scénique très doux et lyrique. Les duos et les synchronisations refont surface pour nous offrir une fin semblable au début faite avec une recherche corporelle précise et une délicatesse tant émotionnelle que visuelle.

 

Mais jusqu’à quand cette harmonie va-t-elle survivre?

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